Le Comité de Coordination du Bassin du Lac Mbakaou (COBALAM) a été mis en place dans le cadre des réformes institutionnelles visant à améliorer la gouvernance environnementale et la gestion intégrée des ressources naturelles au Cameroun. Situé dans la région de l’Adamaoua, le lac Mbakaou constitue un réservoir stratégique pour l’approvisionnement en eau, la pêche, l’agriculture irriguée et la production hydroélectrique. Sa gestion durable revêt donc un intérêt national et régional, face aux pressions croissantes liées aux changements climatiques, à l’exploitation non contrôlée des ressources et aux besoins socio-économiques des populations riveraines.
C’est dans ce contexte que le COBALAM a été institué comme organe de concertation, de coordination et de suivi des projets et initiatives intervenant dans le bassin, avec pour objectif central d’assurer la cohérence des actions, la transparence dans l’utilisation des financements et l’implication effective des parties prenantes.
Missions principales
Le COBALAM joue un rôle transversal et multidimensionnel, à la croisée des politiques publiques, des projets de développement et de la participation communautaire. Ses missions principales sont les suivantes :
Développer des mécanismes de concertation inclusifs et participatifs.
- Coordination institutionnelle
- Assurer la cohérence entre les différents projets financés par l’État, les bailleurs internationaux et les ONG.
- Harmoniser les interventions afin d’éviter les chevauchements ou la duplication des efforts.
- Appui à la planification stratégique
- Participer à la définition des priorités de développement durable dans le bassin.
- Orienter les projets selon les besoins identifiés par les communautés locales et les politiques nationales.
- Suivi et évaluation
- Mettre en place un système de suivi des résultats des projets.
- Produire des rapports périodiques sur l’efficacité des financements et leur impact socio-environnemental.
- Renforcement de la gouvernance locale
- Favoriser la participation des communautés locales, des coopératives de pêcheurs et des organisations paysannes.


3. Composition et fonctionnement
Le COBALAM repose sur une structure multipartite qui reflète la diversité des acteurs impliqués dans la gestion du bassin :
- Représentants gouvernementaux : Ministère de l’Environnement, Ministère de l’Eau et de l’Énergie, Ministère de l’Agriculture et du Développement rural, etc.
- Partenaires techniques et financiers (PTF) : Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), Banque mondiale, Union européenne, GEF/FEM, etc.
- Société civile et communautés locales : ONG environnementales, associations de riverains, organisations de pêcheurs.
- Secteur privé : entreprises hydroélectriques, agro-industrielles et acteurs économiques utilisant la ressource en eau.
Le comité fonctionne à travers :
- Des sessions plénières organisées de manière périodique (au moins deux fois par an).
- Des groupes de travail thématiques (pêche, agriculture, eau/énergie, biodiversité, gouvernance financière).
- Un secrétariat permanent chargé de la coordination technique et administrative.
Financement et partenariats
Le financement des activités du COBALAM repose sur une combinaison de sources :
- Contributions de l’État camerounais à travers le budget du MINEPDED et d’autres ministères concernés.
- Apports des bailleurs internationaux dans le cadre de projets ciblés (GEF/FEM, Banque mondiale, UE, etc.).
- Cofinancement communautaire et partenariats privés, notamment via des conventions avec les entreprises exploitant les ressources du bassin.
Ce mécanisme de financement hybride permet d’assurer à la fois la viabilité financière du COBALAM et son ancrage dans les réalités locales.
Enjeux et défis
Malgré son importance stratégique, le COBALAM est confronté à plusieurs défis :
- Capacité institutionnelle limitée : ressources humaines et matérielles parfois insuffisantes pour un suivi rigoureux.
- Coordination intersectorielle complexe : multiplicité d’acteurs aux intérêts divergents.
- Durabilité financière : dépendance encore forte vis-à-vis des financements externes.
- Adaptation aux changements climatiques : nécessité de renforcer la résilience des communautés et des écosystèmes face à la variabilité climatique.
Perspectives d’avenir
Pour renforcer son rôle dans la gouvernance et la gestion durable du bassin du lac Mbakaou, plusieurs pistes sont envisagées :
- Développer un système intégré de suivi-évaluation basé sur des indicateurs mesurables et partagés.
- Renforcer la participation citoyenne grâce à des plateformes numériques de consultation et de remontée d’information.
- Mettre en place un fonds de durabilité alimenté par des contributions publiques, privées et communautaires.
- Promouvoir des projets pilotes innovants (pêche durable, irrigation intelligente, énergies renouvelables locales) qui pourraient être répliqués dans d’autres bassins.
En résumé
le COBALAM constitue un instrument essentiel de gouvernance collaborative dans le bassin du lac Mbakaou. En articulant planification stratégique, coordination des acteurs et suivi-évaluation des projets, il représente une réponse concrète aux défis de durabilité et de résilience. Cependant, son efficacité dépendra largement de sa capacité à mobiliser durablement les ressources, à renforcer ses mécanismes de concertation et à s’adapter aux évolutions environnementales et socio-économiques.lacus.