Discrètes mais essentielles, les mangroves constituent l’un des écosystèmes les plus précieux et les plus menacés de la planète. Présentes dans les zones côtières tropicales et subtropicales, elles abritent une biodiversité exceptionnelle et rendent de multiples services écosystémiques aux populations locales. Pourtant, elles disparaissent trois à cinq fois plus vite que les forêts terrestres. En Afrique centrale, notamment au Cameroun, leur protection est devenue un enjeu stratégique pour le climat, la sécurité alimentaire et la paix sociale.
Les mangroves : un écosystème unique
- Barrières naturelles : elles protègent les côtes contre l’érosion, les tempêtes et la montée des eaux.
- Puissantes réserves de carbone : un hectare de mangrove peut stocker jusqu’à 1 000 tonnes de CO₂, soit quatre fois plus qu’une forêt tropicale terrestre.
- Nurseries marines : elles abritent poissons, crustacés et mollusques qui nourrissent des millions de personnes.
- Ressources vitales : bois, miel, plantes médicinales et autres produits soutiennent les communautés côtières.
Les mangroves au Cameroun : un patrimoine à risque
Le Cameroun compte plus de 195 000 hectares de mangroves, principalement concentrées dans le Delta du Wouri et la péninsule de Bakassi. Mais ces écosystèmes font face à de multiples pressions :
- Déforestation pour le bois de chauffe et la construction.
- Conversion des sols en exploitations agricoles ou aquacoles.
- Pollution industrielle et domestique.
- Conflits et instabilité dans les zones frontalières.
Initiatives de protection et de restauration
Plusieurs projets nationaux et internationaux tentent d’inverser la tendance :
- PINESMAP-BPCE : met en place une gestion participative des services écosystémiques de Bakassi, avec un accent sur la conservation des mangroves et la relance des activités économiques locales.
- Programmes communautaires : replantation de palétuviers et sensibilisation des jeunes aux bénéfices des mangroves.
- Partenariats internationaux : FAO, WWF et autres ONG appuient des actions pilotes de conservation intégrée.
Défis persistants
- Manque de financement durable pour des projets à long terme.
- Faible implication de certaines communautés, parfois contraintes par la pauvreté.
- Absence de données actualisées pour suivre l’évolution des surfaces de mangroves.
- Insuffisance de mesures légales réellement appliquées.
Perspectives d’avenir
Pour protéger ces trésors naturels, il faut :
- Renforcer la gouvernance locale : confier la gestion aux communautés riveraines par des comités de gestion participative.
- Développer des filières vertes : miel de mangrove, pêche durable, écotourisme.
- Multiplier les campagnes de sensibilisation dans les écoles et villages côtiers.
- Encourager la recherche scientifique pour mieux comprendre et valoriser ces écosystèmes.

Conclusion
Les mangroves sont bien plus qu’une végétation côtière : elles représentent une bouée de sauvetage écologique, économique et sociale. Protéger les mangroves du Cameroun, c’est non seulement préserver la biodiversité, mais aussi garantir un avenir résilient aux populations locales. Leur restauration doit devenir une priorité nationale et régionale, portée par les communautés, les autorités et les partenaires internationaux.